mardi 10 novembre 2009

Histoires de l'opéra chinois: Les quinze sapèques


Les quinze sapèques : une oeuvre déjà adaptée par Wang Hongli (voir post sur cet auteur), ici reprise par Li Chengxun et Sun Yu en 1959.

dimanche 8 novembre 2009

Histoires de l'opéra chinois: 戏剧故事

Voici une série éditée par les Editions populaires d'Art de Pékin dans les années soixante. Il s'agit d'adaptations d'opéras chinois. C'est le genre d'ouvrages dont la diffusion s'est brutalement arrêtée pendant la Révolution Culturelle, en raison de leur contenu idéologique jugé réactionnaire et de leur lien avec un passé condamné au nom de l'éradication des "Quatre Vieilleries" . En réalité, leur vocation était beaucoup plus pédagogique que politique: d'une part, ces petits livres constituaient d'excellents moyens de diffuser une culture d'essence savante, tout comme les opéras dont ils étaient tirés à leur époque. En outre, leur réalisation avait été confiée aux meilleurs artistes de l'époque. Série de prestige, donc, avec de somptueuses couvertures et une impression particulièrement soignée, mais aussi série innovante, dont plusieurs volumes ont constitué d'importantes étapes dans l'évolution du lianhuanhua. Pour commencer, voici quelques couvertures.














mercredi 4 novembre 2009

La révolution culturelle: entre graphisme révolutionnaire et tradition picturale

Durant la Révolution Culturelle, le graphisme du lianhuanhua revisite l'esthétique du réalisme socialiste, inspirée par le jdanovisme, qu'elle adapte aux nouveaux crédos révolutionnaires. Les personnages principaux, soldats ou petits paysans au visage carré et puissamment bâtis, figurent systématiquement au centre de l'image dans des poses héroïques. Ils se détachent de la masse du peuple, qui elle se caractérise par son indistinction et la disparition de l'individu dans le collectif.


Sur l'image, les paysans se confondent avec le décor tandis que les symboles révolutionnaires (drapeaux puis slogan: 农业学大寨: "Que l'agriculture suive l'exemple de Da Zhai" à l'arrière-plan*) sont mis en valeur. En écho au slogan de Lénine ("Le communisme ce sont les Soviets plus l'électrification"), on note la présence des pilônes électriques, symbolisant le confort matériel que le Parti assure aux masses paysannes. C'est vers ce symbole du progrès que convergent les personnages mais également le regard du lecteur.
* Da Zhai était un village érigé en modèle pour sa productivité durant les années soixante, à l'instar de l'ouvrier Stakhanov en Union Soviétique. Ce slogan est présent sur de nombreuses affiches de l'époque.


Après 1973, les livres traitant de la Chine antique et impériale font leur retour, mais l'esthétique qui prévaut reste la même. Les héros, à la musculature hypertrophiée et au regard révolté, sont des rebelles et des révolutionnaires qui adoptent les mêmes poses que dans le lianhuanhua de 1966. A travers eux, c'est le Parti et l'idéal communiste qui sont exaltés.













Cependant, avec le retour des campagnes d'un certain nombre de dessinateurs, cette esthétique évolue et le graphisme retrouve un certain nombre de traits hérités de la tradition picturale chinoise. Dans ce lianhuanhua sur la guerre du Vietnam, la contre-plongée et le jeu sur les pleins et les vides sont directement inspirés de l'art du pinceau gongbi et typiques de cette tradition.








Vers 1975-1976, le lianhuanhua amorce un retour vers la tradition et l'esthétique des années cinquante et soixante, même si les sujets (comme ici la révolte des Taiping, célébrée par le Parti) demeurent dans la limite de la plus stricte orthodoxie idéologique.