dimanche 25 octobre 2009

Le lianhuanhua de la Révolution Culturelle

Le lianhuanhua après 1966 subit lui aussi sa révolution. Rappelons les faits: en 1966, Mao tente de reprendre la main après avoir été écarté du pouvoir, et lance la Grande Révolution Culturelle (文革), qui voit l'élite intellectuelle du pays prise à partie, envoyée en camp de rééducation et parfois éliminée. L'héritage confucianiste est vilipendé, ainsi que tout ce qui est lié à la civilisation occidentale (hormis ce qui a obtenu un certificat de bonne conformité marxiste). Le pays est assez vite plongé dans le chaos, et l'aventure se termine avec la mort de Mao en 1976, suivie de la chute de sa femme et du procès de la Bande des Quatre qui dirigeait alors le pays.



La bande dessinée chinoise de cette époque a elle aussi été entraînée dans le tourbillon révolutionnaire, et le carcan idéologique qui enfermait le lianhuanhua dans certaines limites idéologiques est devenu encore plus rigide, aboutissant à un arrêt de la production à la fin des années soixante.


Pour commencer, il existe deux périodes pour les collectionneurs: celle qui s'étend de 1966 à 1973, dite "grande Révolution Culturelle" (大文革), et celle qui va de 1973 à 1976, qualifiée de "petite Révolution Culturelle" (小文革).


Dans les faits, de nombreux dessinateurs ont été envoyés dans les campagnes après 1966, si bien que le nombre de publications a chuté de manière vertigineuse. Constitution d'ateliers collectifs avec des dessinateurs amateurs (et suppression du nom des auteurs), disparition des histoires appartenant à l'histoire antique et impériale de la Chine et obligation de ne traiter qu'un certain nombre de sujets autorisés (biographies de martyrs du maoïsme ou opéras révolutionnaires pour l'essentiel), enfin célébration jusqu'à l'écoeurement du culte de la personnalité de Mao, tels sont les changements radicaux intervenus dans la bande dessinée chinoise entre 1966 et 1970.

La page de titre de ce lianhuanhua ne mentionne aucun illustrateur: c'est seulement l'unité de production (constituée de dessinateurs non-professionnels) qui est créditée.





















Chaque bande dessinée commence par une citation de Mao, ici "Je chéris ce genre de slogans: un, ne pas craindre l'effort, deux ne pas craindre la mort".














A cette époque, les couvertures respectent certaines règles: personnages arborant le Petit Livre Rouge, bandeau (rouge ou blanc, c'est selon) pour le titre. C'est le cas pour tous les ouvrages, y compris pour cette histoire enfantine tirée d'un dessin animé:


















Ici, c'est un héros du communisme maoïste, Lei Feng, qui fait une apparition digne d'un arrhat ou d'un bodhisattva.


















L'apparition de Mao , en tête et en clôture de l'ouvrage est systématique. Le culte de la personnalité va d'ailleurs jusqu'à la déification. Ces représentations font souvent appel, comme dans l'image ci-dessous, à des photographies officielles.








































La vignette finale de ce lianhuanhua d'avril 1976 fait du Grand Timonier un soleil éclairant le prolétariat. Le culte de la personnalité à son comble, quelques mois avant la mort du dirigeant chinois (intervenue en septembre de la même année).

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